Les vignes escarpées sont difficiles à travailler entre Banyuls-sur-Mer et Collioure - archives. • © Laurent Dal Zovo
Les vignes de Banyuls-sur-Mer et Collioure dans les Pyrénées-Orientales participent à la notoriété du paysage de la Côte Vermeille. Aujourd’hui les vignerons se mobilisent pour développer et protéger ce vignoble d’exception en lançant une souscription pour sauver le cru Collioure-Banyuls
Situées sur la côte Vermeille, à l’extrémité orientale des Pyrénées, les villes de Banyuls et Collioure possèdent un patrimoine viticole renommé. Les vignes descendent de la montagne et plongent dans la mer sous un soleil radieux. Les parcelles étroites constituées de schistes se jettent dans les eaux bleues dans des pentes pouvant atteindre 50% d’inclinaison.
“Ici, tout est manuel, ce n’est pas mécanisable. C’est à la force du mollet que l’on travaille dans ces vignes” détaille Laurent Dal Zovo, vigneron du domaine Vial Magnères à Collioure. Il est propriétaire de 10 hectares de petites parcelles. Il produit en moyenne 25 000 bouteilles par an. “Mon but n’est pas de faire plus d’hectares, d’avoir plus de vin, mais de le vendre mieux” précise-t-il. Il estime que le prix de vente de ses vins est trop bas. "La qualité du vignoble de la Côte Vermeille mérite mieux. On manque de notoriété pour pouvoir vendre nos vins à un meilleur prix .".
“Il faut replanter régulièrement, retaper les murettes, débroussailler (surtout cette année pleine de pluie) et moi, je ne peux payer que 2 ouvriers. Économiquement, c’est impossible” ajoute Laurent Dal Zovo. Le vignoble du cru Banyuls-Collioure regroupe 4 communes avec celles de Port-Vendres et Cerbère. Ce sont près de mille viticulteurs qui travaillent ce territoire. Beaucoups n’ont que 3 ou 4 hectares. “ Tous les ans, on perd des hectares de vigne” précise Alain Pottier, membre actif du syndicat du cru Banyuls-Collioure. “Certains s’en sortent très difficilement parce que leurs parcelles demandent trop d'investissement et quand ils arrêtent, les vignes ne sont pas reprisent. Une vigne qui n’est pas travaillée pendant 3 ans, meurt.”
La Côte Vermeille se mobilise, c'est la reconquête
“Pour développer ce bien patrimonial, il a fallu réfléchir à un projet de développement territorial, un projet de redynamisation économique. De là, est née la Reconquesta Côte Vermeille” indique Alain Pottier. “Il s’agit plus précisément d’une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui va permettre de lancer un véritable plan marshall pour la sauvegarde de ce patrimoine”. Et de spécifier que “c’est une démarche collective, ce sont les 40 caves particulières, les 3 coopératives, les vignerons indépendants, les viticulteurs-coopérateurs, les cavistes, les restaurateurs qui sont impliqués dans cette opération.”
La reconquesta Côte Vermeille s’accompagne également d’une campagne de collecte de fonds par le biais entre autres d’un financement participatif dès le 12 juin sur la plateforme participative Dartagnans. “L’argent recueilli par cette souscription permettra de financer la reconstruction de murettes, le rachat de vieilles vignes, d’accompagner la transition agro-écologique, de réaménager la route des vignes et son fléchage et de valoriser l’identité du Cru.”.
"Il faut qu'un maximum de personnes s'investissent dans ce projet. Il faut créer une véritable identité à ce cru Côte Vermeille et que tous les acteurs locaux et d'ailleurs se mobilisent pour cette identité" assure Alain Pottier. C'est dans un contexte compliqué, avec la crise du coronavirus qui n'a pas permis aux viticulteurs de vendre leurs bouteilles, que ces vignerons se lancent dans la reconquête d'une dynamique économique pour préserver les coteaux des pentes escarpées la côte Vermeille.
Yannick Le Teurnier
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